Isolimmo fait naître un nouveau marché dans le secteur du bâtiment.
UN PROCÉDÉ PEU CONNU EN FRANCE.
Photo : Marc-Edouard Wattel a lancé son entreprise en juin dernier.
Le secteur de l'éco-habitat a le vent en poupe. Dans l'Arrageois, les entreprises qui proposent des solutions écologiques pour le bâtiment fleurissent. Parmi elles, Isolimmo a vu le jour en juin dernier, avec à sa tête un chef d'entreprise motivé et passionné.
Marc-Edouard Wattel, 37 ans, envisageait de se lancer seul depuis longtemps. Il a sauté le pas en choisissant une spécialité peu connue en France et pourtant très répandue dans le nord de l'Europe : l'isolation par l'extérieur.
"J'ai commencé chez un fabriquant de mortier industriel, explique-t-il, j'étais chargé de développer le secteur de l'isolation thermique extérieur dans le Pas-de-Calais et d epromouvoir cette méthode auprès des particuliers mais aussi des entreprises et leur proposer de former leurs ouvriers."
Un secteur d'avenir.
Influencé par son père, qui travaille dans le bâtiment également, Marc-Edouard Wattel s'est formé au génie civil en IUT puis a suivi des cours en école de commerce avant d'entrer dans une grande filiale. "Je travaillais sur les façades et j'ai été formé de façon interne sur l'isolation par l'extérieur", commente-t-il.
C'est en apprenant à connaître cette méthode que l'Arrageois a su cerner une opportunité et un secteur d'avenir.
"Les gens vont se tourner vers ce procédé par la force des choses puisqu'il minimise la perte d'énergie, été comme hiver, en évitant ce que l'on appelle des ponts thermiques. Or, les énergies vont devenir de plus en plus coûteuses. Et puis on nous encourage à consommer moins. Le Grenelle de l'environnement est un premier catalyseur puisqu'il contraint EDF à faire faire des économies à ses clients. Et puis le gouvernement a mis en place des aides fiscales comme le crédit d'impôt DD."
C'est en janvier que Marc-Edouard Wattel a pris sa décision : "2010 sera l'année de mon entreprise." C'est donc au dernier étage de sa maison qu'il s'est aménagé un petit bureau de fortune et qu'il a commencé à prospecter autour de lui. Confiant, l'homme semble déterminé à démocratiser le procédé dans l'Artois et le Nord Pas-de-Calais en général.
Une petite équipe compétente.
"Pour le moment, mon but c'est de faire connaître ça aux particuliers." L'homme présente alors les avantages de son produit. "En plus de l'isolation, notre démarche permet de faire un ravalement de façade et puis cela ne perturbe pas la vie à l'intérieur de la maison puisque tout se fait dehors."
Pour réaliser les travaux qu'on lui commande, le gérant a engagé deux ouvriers. "J'ai recruté tout de suite une équipe que j'ai formé moi-même puisqu'il n'existe pas encore de formation pour ce type d'activité." Grâce à son réseau professionnel, l'Arrageois a su trouver des personnes compétentes, qui possèdent déjà une bonne expérience dans le bâtiment.
Depuis le mois de juin, Isolimmo a déjà travaillé sur plusieurs gros chantiers. L'entreprise termine actuellement un chantier en périphérie d'Arras. Le propriétaire semble d'ailleurs satisfait des premiers résultats et, souriant, il s'amuse de voir les passants se questionner sur les modifications apportées à sa demeure.
C'est un avenir prometteur qui semble sourire à ce jeune chef d'entreprise passionné par son métier. Et il n'est pas impossible de voir se multiplier les chantiers d'Isolimmo dans la région.
Mélanie Louf. L'Avenir de l'Artois. Mer-22-9-10.
Site : http://www.isolimmo.com/
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
V-3-12-10.
- Ma première démarche, c'est que suite au Grenelle de l'environnement 1 (en 2007), il y a eu une prise en compte et un changement possible dans le mode constructif de l'habitat. C'est à dire qu'il a été pris en compte le fait que l'on améliore notre habitation. Il y avait beaucoup d'axes à améliorer, il y avait l'isolation, la ventilation, l'exposition des bâtiments, les types de matériaux à utiliser. Peut-être une prise de conscience que les matériaux avaient une vie, il fallait les créer, les fabriquer, les utiliser et après leur cycle de fin de vie. Tout ça était pris en compte et vraiment mis en lumière. Je travaillais chez un industriel spécialiste en façade et en 2007 a été mis en place chez cet industriel une gamme pour l'isolation thermique par l'extérieur du bâtiment qui rentrait complétement dans les suites du Grenelle. C'est-à-dire que cette activité d'isolation thermique par l'extérieur est un concept qui est l'idée de mettre un manteau autour des bâtiments de venir baisser les consommations énergétiques et donc baisser la pollution induite du bâtiment.
- Est-ce que tu as des chiffres par rapport à avant après ?
Les chiffres avant après ça va être au cas le cas. Parce que l'utilisation d'un bâtiment c'est un peu comme l'utilisation d'une voiture. Si deux personnes ont la même voiture, ils vont peut-être pas consommer le même nombre de litres de carburant parce que l'utilsation va être différente. Une personne va rouler toujours chargée, l'autre va rouler sans rien dans le coffre. Donc pour calculer un gain, le gain va être en 20 et 40%. Mais après ça va rester que des fourchettes parce que ça va dépendre de l'utilsation du bâtiment.
Les économies d'énergie c'est obligatoire puisque à partir du moment où on améliore l'isolation d'un bâtiment, il va consommer moins en énergie pour chauffer et en énergie quand on met la clim. Il y aura moins de clim l'été et moins de chauffage l'hiver. Et une notion de confort qui va être beaucoup plus importante, c'est à dire que près des murs on aura pas de notion de froid. On aura toujours cet environnement de cocon.
- Je lisais que tu voulais développer l'isolation sur tout le Pas-de-Calais.
J'ai un premier challenge, c'est de faire connaître cette technique qui est utilisée depuis 40 ans dans les pays du nord et de l'est de l'Europe. Par contre en France c'est une technique qui était très peu utilisée, et là qui ressort. Parce qu'effectivement, l'isolation thermique par l'extérieur, ça permet de résoudre beaucoup de problèmes dans les bâtiments existant. Si je prend l'exemple d'une maison qui a été construite il y a 35 ans, une maison en crépis, une maison Phénix. C'est des maisons qui sont sur des surfaces de 80 à 100 m2, qui sont pas très bien isolées. L'isolation par l'extérieur est complétement adapté à ces maisons. On va venir ces anciennes maisons sans modifier leur surface intérieure. Donc les gens vont pouvoir continuer à habiter dedans. La quasi totalité des maisons, tout est fait par l'intérieur. Mais quand on a des bâtiment à caractère historique avec des bâtiments en pierre, avec des scultures, l'isolation par l'extérieur n'est pas adaptée. On va pas venir recouvrir ça.
- Quelles sont tes relations avec Perrine Massey du Point Info Énergie ?
- Je l'ai rencontrée pour lui présenter l'isolation thermique par l'extérieur. Et j'en ai profité pour lui faire visiter un chantier en cours sur Arras. Comme elle a pu voir le système, la mise en place du système et le rendu fini de l'isolation. Parce qu'il faut juste préciser que lorqu'une isolation thermique par l'extérieur est posée, mais on ignore ..., l'isolation est masquée sous l'enduis de parrement, l'enduis de façade.
- Est-ce que tu as quelque chose à rajouter ?
- Pour revenir à la problématique écologique, j'utilise des matériaux qui sont pas toujours de fabrication ..., avec un cursus écologique. Mais en final les matériaux que j'utilise permettent de rendre un bâtiment moins énergivore. (...)
C'est une activité qui se développe, c'est une activité que j'ai créé qui a permis d'embaucher deux personnes qui étaient au chômage. Deux personnes qui avaient de l'expérience dans le bâtiment mais qui trouvaient pas de travail. Il y en avait une qui était au chômage depuis longtemps et une autre qui était au chômage depuis 6 mois. J'ai trouvé des personnes qui ont de la volonté, qui sont investies et qui sont formées à la notion de l'isolation thermique par l'extérieur. Je les formées sur le chantier pour ça. Il y a l'aventure au niveau du bâtiment, on valorise le bâtiment, on l'isole et puis on le rénove. Et puis à côté de ça, il y a l'aventure humaine avec le fait de développer une activité avec une équipe. Au niveau de ma visibilité de travail, j'ai du travail d'avance, j'ai des chantiers d'avance.
- Quand tu dis on valorise le bâtiment ...
Si sur une habitation, on va faire juste un ravallement peinture. Ce que je fais aussi. Une ravallement peinture va être quelque chose d'éphémère, 10-15 ans plus tard, il va falloir le refaire. Par contre quand on investit dans une isolation thermique par l'extérieur ça se revend. Quelqu'un qui va investir dans une isolation va pouvoir la revendre lors de la vente de sa maison. Si la personne va investir 10 000 euros, elle va avoir un retour sur investissement parce qu'elle va consommer moins, et en plus lors de la vente de son habitation elle va avoir une meilleure note sur les consommations énergétiques (A, B, C, D, E), meileure note sur les émissions de polluants. Et donc cette isolation qui aura permis de consommer moins, d'avoir plus de confort, sera en plus une valeur ajoutée lors de la revente de la maison. La valeur ajoutée de l'isolation par l'extérieur est double : elle est sur les économies d'énergie, le confort dans le bâtiment et la valorisation du patrimoine. Une isolation une fois que c'est fait ça ne bouge plus.
Propos recueillis chez Marc-Edouard Wattel par A. G. I.
